L'église de Vaudancourt

Construite au XIIIème siècle, l’église de Vaudancourt - Saint-Gervais et Saint-Prothais est juchée au sommet du village et domine un paysage caractéristique du Vexin français. Par son histoire, sa configuration et son plan, elle constitue un édifice parfaitement représentatif des églises du Vexin français.
Le village de Vaudancourt, aux confins du Vexin français et du Vexin normand, apparaît dans les textes à la fin du XIème siècle et au début du XIIème siècle. C’est au début du XIIIème siècle, après une période rudes batailles sur les marches normandes du royaume de France, qu’il faut placer la construction ou reconstruction de l'église de Vaudancourt à l'initiative du chapitre de Saint Mellon. Les églises paroissiales de Boury en Vexin et Courcelles lès Gisors ont été réédifiées à la même époque.
De l'édifice du XIIIème siècle ne subsistent à Vaudancourt que le clocher, la travée orientale du collatéral nord et peut être une partie du mur nord de la nef. Le clocher quadrangulaire constitue la partie la plus authentique qui nous soit parvenue du monument médiéval. Reposant sur un premier niveau aveugle formé de moellons et épaulé de contreforts sur les faces Nord et Sud, le clocher, à l'étage du beffroi ,est percé sur chacune de ses faces de larges baies jumelles dont les arcs reposent sur de fines colonnettes ornées de chapiteaux à crochets. Des colonnettes identiques adoucissent chacun des angles du clocher à ce niveau. Celui-ci est couronné d'une corniche à modillons. Enfin le clocher est pourvu d'une couverture en bâtière.
La travée orientale du collatéral nord, formant croisillon nord de transept, remonte également en grande partie au début du XIIIième siècle. En témoignent deux baies à simple lancette en tiers point et la voûte sur croisée d'ogives se composant de deux tores séparés par un filet et reposant sur des chapiteaux à crochets, dont le fût à aujourd'hui disparu.
Après les ravages et surtout la longue période d'abandon provoqués par la guerre de cent ans, l'église de Vaudancourt fait l'objet, fin XVième , début XVIième siècle, d'une reconstruction presque totale. Une nouvelle nef de trois travées est alors édifiée et flanquée au sud d'un large collatéral, dont la travée orientale tenait lieu de croisillon sud.
Au cours de cette campagne de travaux du XVI è siècle, la voûte et les piles soutenant le clocher sont intégralement reprises. Le chœur - de fort modestes proportions - possède (comme l'ensemble des baies XVl ième siècle de l'édifice) deux baies à mouluration prismatique et un chevet plat dont le mur s'adapte habilement à la sinuosité de la rue.
C'est en 1656 que la seigneurie principale de Vaudancourt est cédée par le chapitre de Saint Mellon à la famille de Pellevé. Entre 1669 et 1673, d'importants travaux sont entrepris sur le clos et le couvert de l'glise. Dans les décennies qui suivent, on relève régulièrement la mention de travaux d'entretien et réparation et début du XVIII è siècle les travaux de décoration intérieure connaissent une ampleur accrue.
En 1695 est mis en place le retable du maître-autel qui rehausse l'ornementation du chœur. En 1723-1726 un menuisier de Gisors rétablit le tabernacle doré de l'église et un charron exécute les chambranles des petits autels. Et surtout en 1729 un fondeur doreur de Rouen reçoit 154 livres" pour avoir vendu et livré quatre grands chandeliers en cuivre, un crucifix sur sa croix de cuivre, quatre branches de cuivre placées et mises au lustre placé devant le crucifix de la porte du choeur". Enfin en 1732, un peintre de Gisors repeint la chapelle de la sainte Vierge.
Dés 1831, la commune demande un secours au préfet pour la réparation de l'église. Cette demande est appuyée par le chevalier de Boury qui témoigne de l'intérêt des habitants pour la conservation de l'une des plus anciennes église du canton. C'est en 1845-1846 que les travaux de réparation des toitures et des contreforts ont lieu.
En 1849 à l'initiative de l'abbé Dubreuil, curé de la paroisse, on déplace le portail principal qui se trouvait façade occidentale et on le reconstruit à l'entrée de la nef principale.
L'histoire de l'église continue d'être scandée jusqu'à une période toute récente de travaux de confortation urgents. En 1928, il faut ainsi intervenir car la voûte soutenant le clocher menace ruine, en raison du fléchissement de l'un des maîtres piliers sur lesquels elle repose. Vers 1975, l'une de ces piles s'effondre en partie: l'église est fermée. Des travaux ont lieu en urgence et aujourd’hui, le monument présente un état sanitaire satisfaisant. Il reste que son entretien doit être constant, car la présence de souterrains refuges sous l'église tend à entretenir une déstabilisation chronique en sous œuvre. La vieille dame réclame de l’attention !


